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Chroniques du misanthrope (tome 2)

27 janvier 2018

Quinzième carnet (2016) Suite 5

Contre l'humanité

Source: Externe

Julian Barnes : " Peut-être est-ce un des drames que la vie ourdit pour nous : c'est notre destinée de devenir dans notre vieil âge ce que, dans notre jeunesse nous aurions le plus méprisé."

Le 11/04/2016 : Exposition "Paul Klee L'ironie à l'oeuvre". Au travers de celle-ci le sentiment que « L'existence n'est digne d'être vécue qu'à partir d'une perspective esthétique.» Mais aussi :« Le grand manque d'imagination dont l'homme souffre fait qu'il ne peut pénétrer par le sentiment dans d'autres êtres et par là prend aussi peu que possible de part à leur sort et à leurs souffrances. Celui au contraire qui pourrait véritablement y prendre part, devrait désespérer du prix de la vie ; s'il réussissait à comprendre et à sentir en soi la conscience totale de l'humanité, il éclaterait en malédiction contre l'existence, car l'humanité n'a dans l'ensemble aucun but, et conséquemment l'homme, en examinant sa marche totale, ne peut y trouver sa consolation, mais sa désespérance. » (Humain trop humain)

Avril 2016. Séjour à La Réunion. Toujours aussi magnifique. 6 mai 2016 : Théâtre de l'Odéon : Phèdre(s) Je n'ai rien compris ni rien ressenti... malgré Isabelle Huppert. Exercice vain. 20 mai 2016 : Stéphane Guillon Certifié conforme. J'ai beaucoup ri. J'ai tout compris...

Dans "Watchmen" un personnage dit : « Je suis fatigué d'être pris dans la confusion de leur existence. » C'est exactement cela : je suis fatigué d'être pris dans la confusion de leur existence.

Toute personne douée d'un peu de sensibilité, observant le monde dans toute sa terrible réalité, ne peut que perdre foi en la vie, ou plus exactement en l'homme.

Un existence s'achève. D'autres continuent. C'est la ronde infernale, la vie. Le savoir ne réduit pas le sel des larmes. Marcel, notre voisin, est décédé...

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1 juillet 2017

Quinzième carnet (2016) Suite 4

De quoi vous rendre communiste !

Source: Externe

C’est le 10 avril 2016 dans le Journal du Dimanche (journal du groupe Lagardère, seigneurie communiste bien connue) que l’on peut lire sous la plume d'Axel de Tarlé (Lénine, sors de ce corps !) l’article suivant que je livre in extenso :

"De quoi vous rendre communiste ! En Allemagne, les patrons de Volkswagen refusent de renoncer à leur bonus, malgré le scandale du diesel. En Grande-Bretagne, le patron de BP voit ses revenus grimper de 20 %, malgré une perte record de 4,5 mil­liards d'euros. En France, le patron de PSA double sa rémunération à 5,2 millions d'euros, après avoir imposé la modération salariale aux ouvriers. Pour se justifier, Carlos Tavares explique : « C'est la moitié de ce que gagnent mes pairs. » Affligeant, on se croirait dans une cour d'école: « Oui, mais Madame, lui, il gagne encore plus que moi ! » .

Quand on entend de tels arguments, on admire la maturité des leader syndicaux de PSA qui ont accepté de signer des « accords de compétitivité » pour sauver leur entreprise, accords qui imposent des baisses de salaire et de la flexibilité. « Les grands patrons se payent sur le travail des salariés et la dégradation des conditions de travail », s'indigne Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français, dans son livre 99 % avec ce sous-titre, qui appelle à la révolte : « 1 % de la population mondiale possède plus que tous les autres ». Signalons néanmoins que depuis le retour aux bénéfices, les salariés de PSA vont recevoir une prime de 2.000 €.

Ces rémunérations hors-normes nourrissent les inégalités et la frustration sociale. On comprend que 70 % des Fran­çais s'opposent à la loi travail qui permet aux patrons de licencier plus facilement et de baisser les salaires. "Que faire ?" Le leader communiste propose de créer un salaire maximum. Pourquoi ne pas ressusciter la fameuse taxe à 75 % de François Hollande ? Et tant pis pour les dommages collatéraux : fuite des entrepreneurs, des talents, appauvrisse­ment général du pays, « Cuba sans le soleil » pour reprendre l'expression d'Emmanuel Macron. Passé un seuil d'indécence, on préfère avoir tort avec Pierre Laurent que raison avec Macron !"

Ici encore, cet article et surtout ce dernier paragraphe résonnent étrangement à nos oreilles de juillet 2017...

30 juin 2017

Parenthèse actualité : Macron = Underwood

   A propos de la série « House of Cards » qui raconte l’itinéraire d’un arriviste sans scrupule qui devient président des Etats-Unis, j’ai lu (dans la revue Eléments ?) l’analyse suivante : « La quasi-infaillibilité calculatrice et psychologique amène un sentiment ambivalent chez le spectateur : même quand il est humain, le personnage est absolument odieux, et pourtant, l’on ne peut s’empêcher de tenir à lui, de souhaiter sa réussite. Cela tient (…) au fait que le spectacle du pouvoir, quelle que soit sa forme, est hypnotisant, même pour ceux qui l’ont en horreur. » Ne dirait-on pas la description de notre actualité avec Emmanuel Macron ? C’est d’autant plus fascinant avec le portrait officiel de celui-ci, dont beaucoup d’observateurs font le rapprochement avec la pose de Frank Underwood (Kevin Spacey) dans cette série « House of Cards ». Qu’est-ce qui se cache sous le bois ?

 

21 mai 2017

Quinzième carnet (suite 3) : Deux petites histoires édifiantes

Une leçon d'économie

Source: Externe

Ça se passe dans un village qui vit du tourisme, sauf que la crise a chassé les touristes et la croissance. Tout le monde emprunte à tout le monde pour survivre. Plusieurs mois passent, misérables.
Arrive enfin un touriste qui prend une chambre. Il la paie avec un billet de 100 €.
Le touriste n’a pas encore gagné sa chambre que l'hôtelier court porter le billet chez le boucher, à qui il doit justement cent euros.
Le boucher va aussitôt porter le même billet au paysan qui l'approvisionne en viande dont il est débiteur.
Le paysan, à son tour, se dépêche d'aller payer sa dette à la prostituée avec laquelle il s’est octroyé quelques plaisirs et qui lui a fait gentillement crédit.
La prostituée se rend immédiatement à l'hôtel pour rembourser l'hôtelier qu'elle ne payait plus quand elle prenait une chambre à l'heure.
Au moment où elle dépose le billet de 100 € sur le comptoir, le touriste, qui venait dire à l'hôtelier qu'il n'aimait pas sa chambre et n'en voulait plus, ramasse son billet et disparaît.
Moralité : Rien n'a été dépensé, ni gagné, ni perdu.
N'empêche que plus personne dans le village n'a de dettes...

 

Une leçon de vie (lue je ne sais plus dans quel ouvrage)

Il y avait un homme très riche. Il y avait un homme très pauvre. Chacun avait un fils et chacun vivait de part et d'autre d'une grande colline.
Un jour, l'homme très riche fit monter son fils au sommet de la colline et, embrassant tout le paysage d'un grand geste du bras, il dit :
- Regarde, bientôt tout cela sera à toi !
Au même instant, l'homme très pauvre fit monter son fils sur l'autre versant de la colline et, devant le soleil qui illuminait la plaine, il lui dit :
- Regarde !

19 mai 2017

Quinzième carnet (2015) Suite 2

Pensées critiques

Source: Externe

A l'aide des médias de masse, la technique moderne produit un homme conformiste, qu'elle n'a plus besoin d'aliéner puisqu'elle l'a rendu capable de s'aliéner lui-même. (Günter Anders)

Et si l'on voulait se faire une notion de l'ascendant de ces appareils sur leurs utilisateurs, on pourrait simplement en étudiant les conduites qui sont par voie de conséquence à leur emploi : voyez ce groupe amical au café, ce couple au restaurant, dont chacun a posé devant lui son interface tactile : il apparaît vite qu'aucun d'eux n'est vraiment tout à fait là avec les autres, que sous le bavardage incohérent chacun se tient plus ou moins en retrait, dans l'apparté de son souci d'être possiblement en train de manquer quelque chose, parce que nécessairement il doit s'en passer et que ça n'a pas vibré ou timbré depuis un moment. (Baudoin de Baudinat)

Dans sa vie de plus en plus connectée, l'individu reçoit sans cesse des messages qui lui procurent des sensations modifiant jusqu'à sa manière d'être au monde. Il devient impatient, irritable, attend fébrilement la prochaine sollicitation, s'agite en tout sens et n'arrive plus à se concentrer sur un seul objet ni à prendre du temps. Il est le prototype de l'individu éclaté, vivant dans un tumulte permanent, inapte à toute pensée méditative, ouvert à tout mais incapable de se fixer sur rien, perpétuellement insatisfait et totalement dépendant des pulsions que le marché entretient. Son existence lui parait plus intense mais il n'a plus d'instants à lui durant lesquels il pourrait développer une vie intérieure. (Zygmunt Bauman)

Etre cultivé, ce n'est pas avoir la possibilité de pouvoir consommer informations et produits culturels à foison. La culture exige de la lenteur, ce qu'interdit notre époque technicienne emportée par l'accélération. L'enseignement n'est plus l'imprévisible aventure dans l'édification d'un homme mais c'est de profiler ce dernier pour qu'il soit utile à la société technicienne. (Jacques Ellul)

Philippe Erbs

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10 mai 2017

Quinzième carnet (2015) Suite 1

Nom de Dieu !

Source: Externe

A propos de religion, Nelly Kaplan (?) sur France Culture a eu ce propos hilarant : « Je n'aurais pas aimé être la Vierge Marie parce qu'elle est quand même passée à côté du meilleur ! » Tout aussi drôle, Sophie Aram, qui a cette réplique dans son spectacle : « Les jeunes filles qui partent de France pour la Syrie ? Elles me font penser à de petites dindes qui partiraient pour faire du bénévolat dans une rôtisserie... » A cet égard, Sylvain Tesson écrit dans son Petit traité sur l'immensité du monde : « Le Coran, ce bégaiement paniqué de berger hagard. » Belle allitération. Nietzsche notait déjà que « toute forme d'absolu relève de la pathologie. » et que « Dieu est une pensée qui rend courbe ce qui est droit, fait tourner ce qui est immobile. » Dieu est un vicieux que dénonce aussi Paul Valéry mais de manière plus indirecte : « Dieu créa l'homme et ne le trouvant pas assez seul, il lui donna une compagne pour lui faire mieux sentir sa solitude. » Le caractère misogyne de la phrase de Paul Valéry peut être tempéré par celle (encore une fois) de Nietzsche, même si cela semble étonnant de sa part. En effet, ce dernier écrit : « La femme est la seconde faute de Dieu. » Chacun aura compris qui est la première... Dans Les fragments posthumes, Nietzsche a écrit : « La terre a une peau et cette peau a des maladies ; une de ces maladies s'appelle l'homme. » Ainsi soit-il...

Philippe Erbs

5 mai 2017

Quinzième carnet (2015) Début

Résonances

Source: Externe

Régis Debray considère (Le Point du 24 septembre 2015) qu'aujourd'hui et pour l'homme occidental « il n'y a plus d'après. Ni au ciel ni sur Terre. » Il ajoute plus loin : « Un Chrétien, zombie ou pas, conçoit sa vie en solidarité et ne fuit pas les épreuves. L'époque n'est pas au "Nous" mais au "Moi je". Ote-toi de là que je m'y mette, et regarde comme je suis beau. On ne parle plus d'accomplissement collectif mais d'épanouissement personnel. Panne mythologique. Prométhée a mal au foie et Gaïa a du plomb dans l'aile. Restent le nombril et le selfie. »
Beaudoin de Baudinat ("Au fond de la couche d'ozone") lui fait écho à propos des smartphones et autres objets connectés : « Et si l'on voulait se faire une notion de l'ascendant de ces appareils sur leurs utilisateurs, on le pourrait simplement en étudiant les conduites qui sont par voie de conséquences à leur emploi : voyez ce groupe amical au café, ce couple au restaurant, dont chacun a posé devant lui son interface tactile : il apparaît vite qu'aucun d'eux n'est vraiment là avec les autres, que sous le bavardage incohérent chacun se tient plus ou moins en retrait, dans l'aparté de son souci d'être positivement en train de manquer quelque chose, parce que nécessairement il doit s'en passer et que ça n'a pas vibré ou timbré depuis un moment. »

A propos de la Gauche, et toujours dans le même hebdomadaire, Régis Debray déclare : « La Gauche a perdu ses idées propres. Elles sont devenues minoritaires et elle a tellement peur de rester en rade ou elle préfère tellement le pouvoir sans idées aux idées sans pouvoir qu'elle fait le caméléon. Au fond, une Gauche qui ne tranche en rien et sur rien, sauf sur le cannabis et le mariage pour tous, n'a pas vraiment de raison d'être. »
Ici c'est Charles Robin ("Le libéralisme comme volonté et comme représentation") qui fait résonance : « Dans une société où le mot "Gauche" reste - pour des raisons historiques - associé, dans l'imaginaire collectif (dans la conscience collective ?) aux notions de "progrès social" et de "défense des travailleurs", porter atteinte à l'intégrité symbolique et morale de la Gauche et de l'extrême gauche a toutes les chances d'être perçu comme une allégeance à la "droite  patronale" et au grand Capital. »
C'est ainsi que Régis Debray se retrouve associé aux "nouveaux réactionnaires" comme et avec Michel Onfray, Jean-Claude Michéa, Marcel Gauchet, Christophe Guilluy... Une association constituée de personnes fort intéressantes, ma foi...

Philippe Erbs

2 mai 2017

Parenthèse actualité : réflexion d'entre les 2 tours de l'élection

Novembre 2015 - Mai 2017 : continuité d'un mouvement

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Le 18 novembre 2005, Jean Baudrillard écrivait un point de vue, son point de vue, à propos des émeutes des banlieues, au journal Libération. Il y notait que ces émeutes étaient liées à toutes sortes d’éléments contextuels mais aussi « à un épisode récent de notre histoire, soigneusement occulté depuis, sur le même mode de méconnaissance que celui des banlieues, à savoir l'événement du non au référendum. (…) Car le non de ceux qui l'ont voté sans trop savoir pourquoi, simplement parce qu'ils ne voulaient pas jouer à ce jeu-là, auquel ils avaient été si souvent piégés, parce qu'ils refusaient eux aussi d'être intégrés d'office à ce oui merveilleux d'une Europe « clés en main », ce non-là était bien l'expression des laissés-pour-compte du système de la représentation, des exilés de la représentation ». Un peu plus loin Baudrillard notait « Tous ces exclus, ces désaffiliés, qu'ils soient de banlieue, africains ou français « de souche », font de leur désaffiliation un défi, et passent à l'acte à un moment ou à un autre. C'est leur seule façon, offensive, de n'être plus humiliés, ni laissés pour compte, ni même pris en charge. ».

Le vote en faveur de Marine Le Pen tient de cette attitude. Une façon de faire un pied de nez à la réalité mondialisée, de se désaffilier de la bien-pensance. Le vote de dimanche prochain sera pour eux, ou l’aboutissement de cette désaffiliation avec la victoire de Le Pen, ou avec sa défaite, une étape d’une révolte qui continuera sous d’autres formes et avec d’autres phases.

Le 26 novembre de la même année, mais dans le journal Le Monde, Régis Debray, à propos des mêmes évènements, écrivait : « La désublimation en cours porte dans ses flancs la désintégration européenne, fédérale, nationale et personnelle. Alimentée par un consumérisme sans rivages et par le désencadrement politique et la désaffection nationale (…), la dépression du croire rendra de plus en plus douloureuse la vie en société. Parce qu'un supermarché n'a jamais suffi à faire une communauté. L'apothéose de la marchandise sur fond de crise économique a placé sous nos pieds, partout, une bombe à fragmentation. »

Quand des apprentis sorciers, type Mélanchon et autres « ni-ni », jouent avec les détonateurs de cette bombe, on mesure l’impossibilité pour Emmanuel Macron de la désamorcer, de la complexité qu’il y a à convaincre ; s'ajoute la difficulté qu'il y aura de susciter un début d’un désir de vivre ensemble, de pouvoir mettre en ligne d’horizon une réconciliation démocratique avec suffisamment d’autorité pour y faire croire, voire pour y croire lui-même… Il faudra à Macron plus que "marcher sur l'eau" (expression que certains ont utilisée à son égard) pour parvenir à... à quoi au juste ?

Philippe Erbs

 

1 mai 2017

Quatorzième carnet (2015) Fin

Islande

Séjour en Islande. Comme sur une autre planète. Sur le pilier d'un pont, un pochoir représentant un ours poussant un caddy. Un Banksy ?

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7 avril 2017

Quatorzième carnet (2015) Début

L'homme qui ne savait plus dire oui

Source: Externe

Dans un article du journal Le Monde du 23 janvier 2015 on apprend que « moins de livres ont été publiés en un an dans l'ensemble des pays arabes qu'en Espagne. » Au passage il est signalé, d'après un rapport de l'UNESCO de 2009, que « 40 % des Arabes de plus de 15 ans sont analphabètes. » Finalement tous ces pays ont à la fois des problèmes avec les images et avec l'écrit...
Cela n'empêche pas Alain Finkielkraut dans Philosophie Magazine de février 2015 de continuer à se faire peur et de dénoncer encore et toujours une France défaite et métissée ; ce qui lui fait dire, par exemple, que « C'est la morale du film "Intouchables": un homme venu des quartiers et plus lointainement d'Afrique qui revitalise, par son exubérance, une France tétraplégique. » En matière de cinéma, on sait que Finkielkraut est capable du pire et de perdre même toute honnêteté intellectuelle : il faut se rappeler sa critique du film Underground d'Emir Kusturica, lorsque celui-ci a reçu la palme d'or à Cannes, Finkielkraut dénonçant une œuvre pro-serbe et accusant Kusturica d'être nostalgique de la Grande Serbie. Il s'avéra par la suite que Finkielkraut n'avait pas vu le film...
Sylvain Tesson, lors d'une émission télévisée, a eu cette phrase définitive au sujet des tristes dires : « La France ? Un petit paradis où les gens se croient en enfer... » On peut effectivement contester cette société, déplorer la perte de normes et de repères de ce monde, dénoncer l'absence d'interrogations sur les raisons de vivre, regretter que la multiplication des droits et des désirs serve de guide unique aux individus. On peut. Mais il faut aussi ne pas perdre de vue que les apparences de ce monde sont parfois admirables, que tout plaisir esthétique est toujours bon à prendre, qu'il y a une impulsion vitale à satisfaire certains désirs et à (se) faire plaisir. Qu'il faut saisir, autant que se peut, la joie simple d'exister.
« Admettons que nous disions oui à un seul et unique moment, nous aurons ainsi dit oui, non seulement à nous-mêmes, mais à toute existence. Car rien n'est isolé, ni en nous-mêmes, ni dans les choses. Et si, même une seule fois, le bonheur a fait vibrer et résonner notre âme, toutes les éternités étaient nécessaires pour créer les conditions de ce seul évènement et toute l'éternité a été approuvée, rachetée, justifiée, affirmée dans cet instant unique où nous avons dit oui. » (Nietzsche, Fragments posthumes)
Il semble qu'Alain Finkielkraut soit devenu cet homme qui s'avère ne plus savoir dire "oui".

Philippe Erbs

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