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Chroniques du misanthrope (tome 2)
2 mai 2017

Parenthèse actualité : réflexion d'entre les 2 tours de l'élection

Novembre 2015 - Mai 2017 : continuité d'un mouvement

Source: Externe

Le 18 novembre 2005, Jean Baudrillard écrivait un point de vue, son point de vue, à propos des émeutes des banlieues, au journal Libération. Il y notait que ces émeutes étaient liées à toutes sortes d’éléments contextuels mais aussi « à un épisode récent de notre histoire, soigneusement occulté depuis, sur le même mode de méconnaissance que celui des banlieues, à savoir l'événement du non au référendum. (…) Car le non de ceux qui l'ont voté sans trop savoir pourquoi, simplement parce qu'ils ne voulaient pas jouer à ce jeu-là, auquel ils avaient été si souvent piégés, parce qu'ils refusaient eux aussi d'être intégrés d'office à ce oui merveilleux d'une Europe « clés en main », ce non-là était bien l'expression des laissés-pour-compte du système de la représentation, des exilés de la représentation ». Un peu plus loin Baudrillard notait « Tous ces exclus, ces désaffiliés, qu'ils soient de banlieue, africains ou français « de souche », font de leur désaffiliation un défi, et passent à l'acte à un moment ou à un autre. C'est leur seule façon, offensive, de n'être plus humiliés, ni laissés pour compte, ni même pris en charge. ».

Le vote en faveur de Marine Le Pen tient de cette attitude. Une façon de faire un pied de nez à la réalité mondialisée, de se désaffilier de la bien-pensance. Le vote de dimanche prochain sera pour eux, ou l’aboutissement de cette désaffiliation avec la victoire de Le Pen, ou avec sa défaite, une étape d’une révolte qui continuera sous d’autres formes et avec d’autres phases.

Le 26 novembre de la même année, mais dans le journal Le Monde, Régis Debray, à propos des mêmes évènements, écrivait : « La désublimation en cours porte dans ses flancs la désintégration européenne, fédérale, nationale et personnelle. Alimentée par un consumérisme sans rivages et par le désencadrement politique et la désaffection nationale (…), la dépression du croire rendra de plus en plus douloureuse la vie en société. Parce qu'un supermarché n'a jamais suffi à faire une communauté. L'apothéose de la marchandise sur fond de crise économique a placé sous nos pieds, partout, une bombe à fragmentation. »

Quand des apprentis sorciers, type Mélanchon et autres « ni-ni », jouent avec les détonateurs de cette bombe, on mesure l’impossibilité pour Emmanuel Macron de la désamorcer, de la complexité qu’il y a à convaincre ; s'ajoute la difficulté qu'il y aura de susciter un début d’un désir de vivre ensemble, de pouvoir mettre en ligne d’horizon une réconciliation démocratique avec suffisamment d’autorité pour y faire croire, voire pour y croire lui-même… Il faudra à Macron plus que "marcher sur l'eau" (expression que certains ont utilisée à son égard) pour parvenir à... à quoi au juste ?

Philippe Erbs

 

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