Illusion

Source: Externe

Le pacte de stabilisation et de croissance européen fixe les seuils à ne pas dépasser concernant le déficit public annuel et la dette souveraine. Il les exprime en % par rapport au PIB. Ainsi le maximum de définit public annuel ne doit pas dépasser 3 % du PIB et la dette cumulée ne doit pas dépasser 60 % du PIB. On peut se demander pourquoi est-ce en % du PIB, sachant qu'un déficit se calcule en comparant les recettes aux dépenses ? Pourquoi, lorsque les dépenses dépassent les recettes ne pas dire que le pays connait 103 % par exemple de dépenses par rapport aux recettes ? Pourquoi ce choix de comparer les dépenses d'un pays à son PIB plutôt qu'avec ses recettes ?

On a la réponse dans une chronique de Paul Jordon dans Le Monde du 10/01/2012, laquelle chronique cite Guy Abeille, chargé de mission et concepteur de l'indice, qui écrit dans La Tribune du 1er octobre 2010 : "Tout commence et tout s'achève avec le PIB, tout ce qui est un peu gros semble pouvoir lui être raisonnablement rapporté. Donc, ce sera le ratio déficit sur PIB. (...) Avec du déficit sur PIB, on croit tout de suite voir quelque chose de clair."
Ça c'est pour expliquer le choix du dénominateur PIB (choix biblique alors, qui tient du grand commencement et du jugement dernier...). Pour ce qui concerne la limite de 3 % à ne pas dépasser, le même Abeille explique : "1 % serait trop maigre, et de toute façon insoutenable. (...) 2 % du PIB aurait quelque chose de plat, et presque de fabriqué. Tandis que 3 est un chiffre solide ; il a derrière lui d'illustres précédents (dont certains qu'on vénère)."

Et voilà ! Par la Sainte Trinité ! Par une facécie de mes deux, 3 % est la norme. Pour ceux qui pensaient que le choix reposait sur une démarche scientifique, belle illusion ! Le Pacte de stabilisation est en effet une histoire de foi... Et l'illusion est une foi démesurée (Balzac).

Philippe Erbs

Onzième carnet (2012) Suite 11

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