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Chroniques du misanthrope (tome 2)
7 avril 2017

Quatorzième carnet (2015) Début

L'homme qui ne savait plus dire oui

Source: Externe

Dans un article du journal Le Monde du 23 janvier 2015 on apprend que « moins de livres ont été publiés en un an dans l'ensemble des pays arabes qu'en Espagne. » Au passage il est signalé, d'après un rapport de l'UNESCO de 2009, que « 40 % des Arabes de plus de 15 ans sont analphabètes. » Finalement tous ces pays ont à la fois des problèmes avec les images et avec l'écrit...
Cela n'empêche pas Alain Finkielkraut dans Philosophie Magazine de février 2015 de continuer à se faire peur et de dénoncer encore et toujours une France défaite et métissée ; ce qui lui fait dire, par exemple, que « C'est la morale du film "Intouchables": un homme venu des quartiers et plus lointainement d'Afrique qui revitalise, par son exubérance, une France tétraplégique. » En matière de cinéma, on sait que Finkielkraut est capable du pire et de perdre même toute honnêteté intellectuelle : il faut se rappeler sa critique du film Underground d'Emir Kusturica, lorsque celui-ci a reçu la palme d'or à Cannes, Finkielkraut dénonçant une œuvre pro-serbe et accusant Kusturica d'être nostalgique de la Grande Serbie. Il s'avéra par la suite que Finkielkraut n'avait pas vu le film...
Sylvain Tesson, lors d'une émission télévisée, a eu cette phrase définitive au sujet des tristes dires : « La France ? Un petit paradis où les gens se croient en enfer... » On peut effectivement contester cette société, déplorer la perte de normes et de repères de ce monde, dénoncer l'absence d'interrogations sur les raisons de vivre, regretter que la multiplication des droits et des désirs serve de guide unique aux individus. On peut. Mais il faut aussi ne pas perdre de vue que les apparences de ce monde sont parfois admirables, que tout plaisir esthétique est toujours bon à prendre, qu'il y a une impulsion vitale à satisfaire certains désirs et à (se) faire plaisir. Qu'il faut saisir, autant que se peut, la joie simple d'exister.
« Admettons que nous disions oui à un seul et unique moment, nous aurons ainsi dit oui, non seulement à nous-mêmes, mais à toute existence. Car rien n'est isolé, ni en nous-mêmes, ni dans les choses. Et si, même une seule fois, le bonheur a fait vibrer et résonner notre âme, toutes les éternités étaient nécessaires pour créer les conditions de ce seul évènement et toute l'éternité a été approuvée, rachetée, justifiée, affirmée dans cet instant unique où nous avons dit oui. » (Nietzsche, Fragments posthumes)
Il semble qu'Alain Finkielkraut soit devenu cet homme qui s'avère ne plus savoir dire "oui".

Philippe Erbs

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