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Chroniques du misanthrope (tome 2)
20 février 2017

Douzième carnet (2012) Suite 4

L'art du désastre

Source: Externe

L'art en guerre (France 1938-1947) au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris. Une exposition foisonnante qui restitue avant tout les signes du désastre et de l'enfermement de la France d'alors.
On y trouve les artistes qui se sont perdus, notamment lors d'un voyage en Allemagne en octobre 1941 en pleine Occupation nazie : Belmondo, Bouchard, Derain, Despiau, Dunoyer de Segonzac, Friesz, Landowski, Legueult, Lejeune, Oudot, van Dongen, Vlaminck. Tous ces vaniteux se croyant représentants de l'art français, cherchant quelques avantages à cet acte d'allégeance ; étonnant que Cocteau ne fût pas du voyage... lui qui chantât les louanges du sculpteur Breker, lui qui signât un hommage à Pétain. Un cocktail l'en empêchât ?
On y trouve ceux, beaucoup plus anonymes, qui témoignèrent de l'horreur, de la réalité tout simplement, en créant en bricolant avec toutes sortes de matériaux, clous, fils de fer, boîtes d'allumettes, fils, cirage, épluchures, etc. donnant ainsi un caractère plus primitif et brut à la production artistique du moment.
On y trouve aussi les moins anonymes, ceux qui se sont laissés instrumentalisés avec plus ou moins de résistance : les mains molles de Maillol, les mains moites des autres (Braque, Bonnard, Delaunay).
L'exposition L'art en guerre blanchit et absout Picasso au point que l'on se demande pourquoi il n'a pas reçu la médaille de la Résistance française ; on peut lire dans le dépliant distribué à l'entrée : « Chez Picasso, créer, c'est résister. (...) Le maître de la modernité vit la période de l'Occupation nazie reclus dans son atelier (...). En 1942, Vlamink l'accuse violemment (...) "d'avoir entraîné la peinture française dans la plus moderne impasse". La réponse de Picasso à l'insulte sera cinglante : il redouble d'énergie et de chefs-d'oeuvre. Il improvise, recycle, peint, sculpte, écrit : il invente plus que jamais. »
Aujourd'hui, Picasso, le stakhanov de l'art, est logiquement devenu la marque référence d'une voiture de série Picasso C4 Citroën. A produire à la chaîne, il ne faut pas s'étonner de retrouver la signature du "maître de la modernité" au cul d'une voiture... Tes descendants n'ont pas pu résister, Pablo ! A chaque époque ses oeuvres d'art, à chaque époque ses désastres...

Philippe Erbs

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